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À Rabat, la djellaba fait le plein avant l’Aïd

Par EL BARHRASSI Meryem -le

À Rabat, la djellaba fait le plein avant l’Aïd
À l’approche de l’Aïd El Fitr, les ruelles de la médina de Rabat se transforment en véritables galeries d’art textile. Reportage dans les coulisses d’un engouement annuel qui mêle tradition, commerce et fierté identitaire.

Il est 11 heures passées, et la rue de Souika, en plein cœur de la médina de Rabat, vibre d’une effervescence particulière. Le cliquetis des machines à coudre rivalise avec les appels des marchands de tissus. Ici, l’approche de l’Aïd El Fitr n’est pas une simple fête, c’est un rendez-vous avec l’élégance.

 

Au fond d’un petit atelier à voûte blanchie à la chaux, Saïd, 48 ans, taille une djellaba dans un tissu finement brodé. « Chaque Ramadan, c’est la même chose. Tout le monde veut être prêt pour le jour de l’Aïd. Hommes, femmes, enfants… », confie-t-il sans lever les yeux. Dans son carnet de commandes, une vingtaine de noms déjà. La livraison est prévue pour la veille de l’Aïd.

 

Entre héritage et tendance

 

Dans les vitrines, les mannequins de plastique arborent caftans cintrés, jabadors repensés, et gandouras aux couleurs pastels. Mélange de soie, de coton léger et de sfifa, ces pièces témoignent d’un artisanat en perpétuelle mutation.

 

« La djellaba reste la pièce reine, surtout pour les femmes », note Imane, vendeuse dans une boutique spécialisée. « Cette année, on mélange les styles : des coupes beldi avec des finitions plus modernes, parfois même des poches ! » sourit-elle. Elle assure que malgré l’inflation, les prix sont restés stables : « entre 250 et 800 dirhams, selon la finition et le tissu. »

 

Une tradition vivante

 

Non loin de là, Nadia, 33 ans, mère de deux enfants, repart avec un sac rempli de vêtements fraîchement confectionnés. « On garde la tradition vivante. Pour moi, l’Aïd sans djellaba, ce n’est pas l’Aïd », dit-elle. Sa fille, Kenza, 9 ans, porte fièrement une tenue couleur lilas, brodée à la main. « Elle voulait la même que sa grand-mère ! »

 

Les couturiers s’activent jour et nuit. « On ne dort presque pas cette semaine », confie Saïd, en ajustant un col à la main. « Mais on est contents. C’est une manière de transmettre notre savoir-faire. »

 

Un secteur qui résiste

 

Loin des effets de mode passagers, les tenues traditionnelles marocaines semblent intemporelles. Même la génération Z s’y intéresse. « Sur TikTok et Instagram, les créateurs de contenu remettent en lumière la djellaba et le caftan », explique Mehdi, jeune styliste qui collabore avec des couturiers de la médina. « C’est une fierté, mais aussi un moyen de soutenir l’économie locale. »

 

Les commerçants espèrent finir la saison en beauté, avec un pic de ventes attendu la veille de l’Aïd. Dans cette course contre la montre, un seul mot d’ordre : préserver l’éclat du patrimoine. Et pour cela, rien de tel que quelques mètres de tissu, quelques heures de travail, et un amour sincère pour les traditions.


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